S’il est un principe que l’architecture et le design défendent à la fin du XIXème et au début du XXème siècle, c’est form follows function. Trois mots sacrés qui résument à eux seuls le fonctionnalisme selon lequel la forme d’un bâtiment ou d’un objet exprime son usage. Les sculptures architecturées de Mattia Listowski énoncent un nouveau dogme, peut-être celui du début du XXIème siècle, dans lequel la forme suit l’émotion. Car si la corrélation entre son travail plastique et l’architecture semble aller de soi, l’artiste recherche non pas la fonctionnalité mais le récit. Ses fragments en béton racontent une histoire, que chacun pourra librement s’approprier. Où mènent ces escaliers? D’où proviennent ces portions d’entablement et de colonne? Est-ce le chevet d’une église romane? Les vestiges d’un temple antique? Essence du Romantisme, la ruine est une allégorie de notre propre existence. Les éclats d’architectures de Mattia, tous issus de son imaginaire, oscillent entre souvenirs d’un passé révolu et utopie d’un futur fantasmé. Agitations volontaires de notre rapport au temps et à la mémoire, ces archétypes racontent l’histoire d’une époque et de ses cultures.
Au-delà du récit, Mattia voue un culte à la forme. Celle dessinée, puis sculptée, et enfin photographiée. Cette dernière phase de photographie constitue à la fois l’aboutissement de son processus créatif, mais aussi le miroir de son origine. L’artiste compose son propre monde - peut-être celui dans lequel il rêverait de déambuler - comme un musicien écrit sa partition. Il perce portes et fenêtres sur des espaces chimériques créant un univers qui nous conduit à l’observation.