« La forme d’un coquillage est l’écho de sa vie. C’est comme un artiste qui évolue continuellement. La forme d’un coquillage se métamorphose par réduction et par addition, ballotée par les courants marins. L’intérieur et l’extérieur - le mollusque et son coquillage se transforment ensemble. C’est comme les cernes d’un arbre qui impriment ses années vécues.
Le coquillage m’attire depuis mon enfance. C’est peut-être lié à mon imaginaire. Dans un coquillage dur se trouve une substance à chair tendre. Un coquillage vide évoque cette douce présence du passé. Lorsqu’on le colle à l’oreille, le bruit ressemble à celui des vagues éternelles. L’origine de notre vie a commencé aux rivages. Elle ne cesse de se métamorphoser depuis plusieurs milliards d’années. Ainsi, lorsque je vois des coquillages échoués sur la plage, je suis saisie d’un sentiment nostalgique.
En effet, chaque coquillage a sa propre histoire. Chacun continue son voyage d’érosion et de métamorphose. Le coquillage, c’est une matière magique qui contient le temps juxtaposé entre le passé et l’avenir.
Je songe alors comment exprimer l’empreinte de la vie d’un coquillage... méme si les formes que je crée semblent immobiles, elles se transfigurent selon la personne qui les regardent, comme une réaction alchimique. Ces formes sont mobiles. Les formes construisent l’espace, la matière et l’esprit d’un univers imaginaire dont l’artiste est le géomètre et le mécanicien, le physicien et le chimiste, le psychologue et l’historien, la forme, par le jeu des métamorphoses, va perpétuellement de sa nécessité à sa liberté.
Les écrits d’Henri Focillon inspirent ma création. »
Diplômée à la Musashino Art University de Tokyo, Yukie a étudié la joaillerie à l’AFEDAP Formation à Paris. En 2009, elle fonde sa propre marque de bijoux qu’elle dirige jusqu’en 2017. Puis elle commence la sculpture pour laquelle elle abandonne définitivement la bijouterie afin de s’y consacrer pleinement.